INTERVENTION VERONIQUE
MONGE
Conseillère Municipale
DELIBERATION 3 :
VOTE DU BUDGET PRIMITIF 2016
Mme Le
Maire,
Il y a deux ans le 11 avril 2014, le soir d’installation du
conseil municipal, vous avez fait de votre élection une sorte de sacre,
d’apothéose. Vous êtes restée centrée sur votre victoire et vous avez ignoré
une grande partie des électeurs colombiens, tous ceux qui n’avaient pas voté
pour vous, comme tous ceux, les 18 858 électeurs, qui s’étaient abstenus.
Vous aviez même été jusqu’à refuser de donner la parole à
l’opposition.
Ce soir là vous vous
êtes affirmée comme le maire d’une partie seulement des colombiens.
Alors qu’une ville ne peut avancer qu’avec TOUS ses
habitants.
Ce 11 avril 2014 j’avais été choquée par vos propos et votre
attitude et la question qui m’était apparue comme majeure pour la suite était
de voir comment vous prendriez en compte Colombes dans sa diversité dans les
politiques que vous alliez mettre en œuvre, et quelle politique vous alliez
porter, particulièrement en direction de la jeunesse, sur la question de la
santé, de l’habitat, de l’éducation ou encore des quartiers qui étaient les
grands absents de votre discours ce soir là.
Aujourd’hui nous nous apprêtons à voter votre deuxième
budget.
Vous l’avez dit à plusieurs reprises depuis votre élection et
on le voit au fil des budgets vous vous fixez pour objectif de recentrer
l’action de la ville.
On aurait pu imaginer que ce recentrage se ferait au bénéfice
des colombiens. Mais force est de constater qu’il a plutôt pour effet d’éloigner
de plus en plus le service public de ce pour quoi il est fait, de marquer la rupture par rapport aux enjeux de cohésion, de solidarité, d’une ville
pour tous.
Mesure après mesure vous réduisez le service public à un
simple service administratif.
Et nous n’avons toujours aucun discours politique, aucun
projet politique sur les questions
essentielles.
Ce budget ne porte
aucune vision pour la ville.
Il ne cherche même pas à s’adapter à un contexte contraint en
préservant la richesse du service public local.
Les propos contenus dans ce budget ne sont que d’ordre
technique et comptable.
Et même lorsque vous rendez payantes les activités d’accueil
périscolaire du vendredi après midi vous considérez cela comme d’ordre
comptable : vous indiquez dans votre rapport, ce que ne les habitants ne
peuvent lire, que cette augmentation de recettes correspond à une hausse plus comptable que réelle.
C’est comme cela que c’est formulé dans le document communiqué aux élus. Une
augmentation des tarifs qui a un impact lourd sur les familles qui devront
payer entre 108€ et 216€ en plus par enfant par rapport à ce qu’ils paient
aujourd’hui.
Et vous qualifiez cela d’une mesure comptable. C’est un bien
curieux subterfuge que vous utilisez. Mais il est vrai que nous devrions être
habitués à vos méthodes de communication loin d’être très correctes.
Etes vous bien sure de tenir vos promesse Mme Le maire ?
Donc je disais nous n’avons avec ce budget aucune vision pour
la ville.
Et cette absente de portage politique est vraiment
problématique et terrible dans le période et le contexte actuel où nous avons collectivement besoin de sens.
Alors que les contraintes existent pour les collectivités,
toutes les collectivités vous les caricaturez à partir d’une démonstration peu
orthodoxe par laquelle vous additionner des choux et des carottes : baisse
des dotations, réforme des rythmes, perte de Thalès, revalorisation des
salaires pour aboutir à un montant de
84M€ de baisse du budget de la ville calculé sur 7 ans.
Une addition sans sens, sans aucune valeur prospective, les
compensations, les subventionnements, les recettes complémentaires, la
dynamique de territoire n’y figurent bien entendu pas, au risque si elles y
étaient de fausser la démonstration.
Bref un propos introductif qui ne peut avoir pour objectif que
de justifier les choix de coupes que vous opérez ou les décisions que vous
prenez sans que vous n’ayez de sens politique à leur donner.
C’est accorder peu de
considération aux colombiens.
On y lit dans ce budget des économies mises bout à bout sans autre
vision et ambition que l’équilibre du budget qui est certes nécessaire mais qui
ne peut être déconnecté d’un projet pour la ville.
Un équilibre du budget que vous atteignez avec un très faible
recours à l’emprunt, ce qui a au moins le mérite, mais c’est bien le seul, de
démontrer que la situation n’était pas aussi insupportable que vous avez bien
voulu le laisser entendre puisqu’en deux ans vous n’avez même plus besoin d’emprunter.
Certaines de ces économies sont de gestion comme c’est le cas
de la renégociation de la dette dans le prolongement de ce que nous avions
initié, ou à la faveur de nouveaux marchés comme ceux relatifs aux denrées. Et bien
entendu cela ne pose aucune question.
Par contre d’autres économies sont bien plus contestables
comme celles qui concernent le personnel. Non pas parce qu’il ne faut pas
regarder les dépenses liées au personnel mais parce que vous le faites sans
intégrer ni l’humain, ni le service public.
On est passé de 2008 agents en 2014 à 1795 agents au BP 2016.
213 suppressions de postes en deux ans.
Le service public en direction des colombiens ne peut être le même à ce niveau
de baisse. La fermeture d’une grande partie des activités du centre municipal,
de deux mairies de quartier sont les
premiers concrétisations visibles de ces baisses mais il y en a bien d’autres
plus diffuses mais qui ont un impact énorme sur le fonctionnement des activités
et surtout sur leur qualité et leur sens.
Beaucoup d’emplois de
catégorie C supprimés.
66 dans la seule
filière administrative surement en lien avec l’externalisation de l’entretien
des bâtiments communaux. Il faut bien mesurer l’impact social et économique de
telles décisions, les emplois de catégorie c étant la plupart du temps des
emplois locaux.
La filière animation également concernée : 96 agents en
moins par rapport à 2014 alors que les collectivités voient normalement ce
poste en augmentation du fait de la réforme des rythmes scolaires.
Elle est là votre ambition éducative !
96 agents en moins, l’exclusion des enfants des familles les plus modestes par
les tarifs… !
Mais il est vrai que vous n’avez jamais abordé ce sujet
important que sous l’angle économique alors qu’il aurait du porter un vrai enjeu de réussite éducative
pour les enfants. Et la nouvelle tarification que vous mettez en place sur le
temps périscolaire du vendredi va aggraver cela puisqu’elle va avoir pour effet
d’exclure de nombreux enfant. Mais l’objectif caché doit très certainement être
de renforcer les économies d’encadrement.
On trouve également la suppression de postes d’auxiliaire de
puériculture et d’éducatrice de jeunes enfants dans les crèches (21 agents en
moins), d’ATSEM dans les écoles (21 agents en moins également).
Le seul secteur qui voit ses effectifs augmenter est celui de
la police municipale avec 8 postes en plus depuis 2014.
Même si la maitrise des dépenses de personnel est une vraie
question dans un contexte budgétaire contraint, je ne peux pas partager ces
choix, vos choix. On ne peut pas supprimer des postes auprès des enfants à ce
niveau et renforcer la police municipale.
C’est de l’ordre de la
provocation, de l’irrespect.
Parmi les autres mesures que vous prenez sans beaucoup
d’explication on note la baisse de financement à certaines associations. La
baisse de subventionnement de la MJC se
poursuit avec – 30 000€ cette année.
Mais on note d’autres baisses à strataj’m -5000€, et de nombreuses associations qui n’ont pas
fait de demande. Une vingtaine est indiquée sans demande pour cette année
alors qu’elles bénéficiaient d’une subvention de la ville auparavant. Une situation bien étrange !
Ce sont souvent les petites associations, moins organisées
face aux logiques administratives, les fédérations de parents d’élèves par
exemple mais ce ne sont pas les seules.
Intervention censurée par Mme Goueta qui n’a pas
laissé Mme Monge s’exprimer sur la fin de son propos, comme au vote du budget
2015 :
Ces associations jouent un rôle important au niveau local. Et
cette absence de demande de leur part questionne sur le niveau des relations
que la ville entretien désormais avec le tissu associatif.
Et puis vous avez un acte totalement incompréhensible.
Vous
baissez de 15 500 € la subvention
au centre social et culturel du Petit Colombes. Rien n’explique cette baisse ni
une évolution du nombre d’adhérent, ni une moindre activité. Au contraire le
centre social va déménager, il joue un rôle déterminant dans ce quartier
prioritaire et cette décision va à contrecourant d’une politique de
requalification du Petit Colombes.
Cette décision est d’autant plus inquiétante qu’elle
intervient après d’autres décisions défavorables au quartier que vous avez
prises arbitrairement, sans aucune concertation. Je pense bien sur à la
fermeture des consultations médicales spécialisées du centre municipal de santé
qui apportait une vraie offre de santé, à la fermeture de l’espace des 4
chemins, à la régie de quartier « la passerelle ».
Avec ces mesures vous poursuivez le démantèlement du service
public local.
Alors, madame le maire, une fois ces éléments énoncés, ce qui
m’importe et qui importe je pense aux colombiens, à tous les colombiens c’est
ce que vous voulez faire de notre ville, de leur ville.
Quel est votre projet ? Quelles sont vos intentions pour les
quartiers ?
Que faites vous, madame
le maire, pour prendre en compte la complexité de la période actuelle, la
complexité au plan social, économique, démocratique, la complexité de vie dans
les quartiers, le besoin de cohésion, de proximité, de lien, la nécessité d’une
politique éducative forte, d’accompagnement des plus fragiles, les enjeux de
mixité ?
Nous n’avons aucune réponse à ces questions.
Bien au contraire le
budget présenté ce soir est très alarmant au plan de la politique locale.
Vous n’êtes pas le maire de tous les colombiens.
Je voterai contre ce budget.
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