Des migrants à
Colombes ?!
Pour les lecteurs non informés :
Mi-juin,
foyer Adoma, rue Colbert, un car de la Préfecture de Paris déposait 30 migrants
(squat La Chapelle), rejoint un mois plus tard par 10 autres (squat
Austerlitz).
40 jeunes
hommes originaires du Soudan, d'Erythrée et du Tchad arrivaient dans un
lieu inconnu avec leurs seuls vêtements sur le dos.
Deux associations de
proximité, l'ASTI et l'AVEC/CSC Petit Colombes, informées par hasard , sont
immédiatement venues leur apporter une aide alimentaire. Très vite le constat
est fait que les besoins étaient multiples et que deux seules associations ne
pouvaient y répondre. La constitution d'un collectif d'associations s'est
imposée pour rassembler les énergies et mutualiser les compétences de chacune.
La 1ère urgence était de les soutenir dans leur démarche de demande d'asile
(établir les dossiers), puis d'assurer les besoins de première nécessité, enfin
leur permettre l'accès aux soins (dispositif Pass des hôpitaux).
Le collectif
a donc diffusé un appel à dons matériels (aliments, produits d'hygiène,
d'entretien, vaisselle, vêtements … ) et dons financiers (achats de
médicaments non fournis par l'hôpital, examens médicaux, tickets de transport,
produits frais … ). La réponse d'habitants (pas
seulement du quartier), de commerçants, d'autres associations … fut un
formidable élan de générosité et solidarité.
Depuis le
1er jour, des bénévoles se mobilisent : distributions, accompagnements
(Préfecture, hôpital, poste ….), compréhension des institutions, repérage dans
la ville et dans les transports, apprentissage de notre langue ….
Dès
l'instant où une association (CADA 95) a été mandatée par la Préfecture pour le
suivi administratif et l'octroi d'un bon alimentaire de 4€/jour, les
associations du collectif sont revenues à leurs missions associatives, au coeur
de leur projet respectif : accueil d'une population nouvelle dans le quartier,
soutien moral et matériel (le bon ne sert qu'à la nourriture), travail sur
l'autonomie, aide à l'intégration dans leur quartier, proposition de moments
festifs et conviviaux …
Pour les lecteurs avertis
mais qui s'interrogent
sur la situation présente
Les dossiers
avancent mais trop lentement. Certains migrants ont acquis des droits sociaux
en fonction desquels le collectif orientera ses aides ne voulant pas les
installer dans une forme d'assistanat contraire à l'autonomie qu'ils acquièrent
progressivement. Quant à leur devenir ?
Des dires, des propos rapportés, des interprétations ou des rumeurs, en tout cas des mots qui fâchent … et qui blesseraient ces hommes s'ils les comprenaient : l'arrivée de migrants-réfugiés
- ajouterait des problèmes dans un quartier où les difficultés sociales sont déjà importantes.
Oui certes, mais où sont les
équipements destinés à l'accueil des populations précarisées ?
Au centre ville ? À Neuilly,
St Cloud …? et puis n'est-ce pas injuste d'estimer à priori que ces hommes sont
des problèmes !
- retarderait la rénovation de la résidence Adoma.
Je ne pense pas qu'on puisse
l'affirmer dans l'immédiat car selon le phasage des travaux la démolition de la
tour n'est prévue que fin 2017.
- coûterait (cher ?) à la ville (donc aux
contribuables).
A me démontrer le contraire,
pas un sous n'a été déboursé, l'hébergeur est un bailleur privé, une enveloppe
financière a été attribuée à l'association mandatée, les hôpitaux et non le CMS
ont apporté les soins …. des habitants et des associations ont pourvu à leur
besoins élémentaires. Quel profit y-a-t-il à dresser des populations contre une
autre … quand dans le même temps le Contrat de Ville prône le vivre ensemble ?
Mission régalienne, oui bien
sûr le traitement de ces situations incombe à l' Etat et la prise en charge de
ces questions n'est pas à la hauteur des nécessités.
La ville n'a
pas d'obligation mais, comme ces hommes et ces femmes au sein du collectif ou
non, laissant toutes considérations partisanes, elle pouvait décider de ne pas
détourner le regard et d' accueillir, tout simplement accueillir, avec
bienveillance et fraternité quarante hommes qui ont traversés beaucoup d'
épreuves.
A. Debrenne