jeudi 31 mars 2016

CONSEIL MUNICIPAL DU 22 MARS 2016

INTERVENTION VERONIQUE MONGE 
Conseillère Municipale


DELIBERATION 3 : 

VOTE DU BUDGET PRIMITIF 2016


Mme Le Maire,
Il y a deux ans le 11 avril 2014, le soir d’installation du conseil municipal, vous avez fait de votre élection une sorte de sacre, d’apothéose. Vous êtes restée centrée sur votre victoire et vous avez ignoré une grande partie des électeurs colombiens, tous ceux qui n’avaient pas voté pour vous, comme tous ceux, les 18 858 électeurs, qui s’étaient abstenus. 
Vous aviez même été jusqu’à refuser de donner la parole à l’opposition.

Ce soir là vous vous êtes affirmée comme le maire d’une partie seulement des colombiens.

Alors qu’une ville ne peut avancer qu’avec TOUS ses habitants.

Ce 11 avril 2014 j’avais été choquée par vos propos et votre attitude et la question qui m’était apparue comme majeure pour la suite était de voir comment vous prendriez en compte Colombes dans sa diversité dans les politiques que vous alliez mettre en œuvre, et quelle politique vous alliez porter, particulièrement en direction de la jeunesse, sur la question de la santé, de l’habitat, de l’éducation ou encore des quartiers qui étaient les grands absents de votre discours ce soir là. 
Aujourd’hui nous nous apprêtons à voter votre deuxième budget.
Vous l’avez dit à plusieurs reprises depuis votre élection et on le voit au fil des budgets vous vous fixez pour objectif de recentrer l’action de la ville.
On aurait pu imaginer que ce recentrage se ferait au bénéfice des colombiens. Mais force est de constater qu’il a plutôt pour effet d’éloigner de plus en plus le service public de ce pour quoi il est fait,  de marquer la rupture par rapport aux  enjeux de cohésion, de solidarité, d’une ville pour tous.
Mesure après mesure vous réduisez le service public à un simple service administratif.
Et nous n’avons toujours aucun discours politique, aucun projet politique  sur les questions essentielles.

Ce budget ne porte aucune vision pour la ville.

Il ne cherche même pas à s’adapter à un contexte contraint en préservant la richesse du service public local.  

Les propos contenus dans ce budget ne sont que d’ordre technique et comptable.
Et même lorsque vous rendez payantes les activités d’accueil périscolaire du vendredi après midi vous considérez cela comme d’ordre comptable : vous indiquez dans votre rapport, ce que ne les habitants ne peuvent lire, que cette augmentation de recettes correspond à une hausse plus comptable que réelle. C’est comme cela que c’est formulé dans le document communiqué aux élus. Une augmentation des tarifs qui a un impact lourd sur les familles qui devront payer entre 108€ et 216€ en plus par enfant par rapport à ce qu’ils paient aujourd’hui.
Et vous qualifiez cela d’une mesure comptable. C’est un bien curieux subterfuge que vous utilisez. Mais il est vrai que nous devrions être habitués à vos méthodes de communication loin d’être très correctes.
Etes vous bien sure de tenir vos promesse Mme Le maire ?
Donc je disais nous n’avons avec ce budget aucune vision pour la ville.
Et cette absente de portage politique est vraiment problématique et terrible dans le période et le contexte actuel où nous avons collectivement besoin de sens.
Alors que les contraintes existent pour les collectivités, toutes les collectivités vous les caricaturez à partir d’une démonstration peu orthodoxe par laquelle vous additionner des choux et des carottes : baisse des dotations, réforme des rythmes, perte de Thalès, revalorisation des salaires pour aboutir à un montant de  84M€ de baisse du budget de la ville calculé sur 7 ans.
Une addition sans sens, sans aucune valeur prospective, les compensations, les subventionnements, les recettes complémentaires, la dynamique de territoire n’y figurent bien entendu pas, au risque si elles y étaient de fausser la démonstration.
Bref un propos introductif qui ne peut avoir pour objectif que de justifier les choix de coupes que vous opérez ou les décisions que vous prenez sans que vous n’ayez de sens politique à leur donner.

C’est accorder peu de considération aux colombiens.
On y lit dans ce budget des économies mises bout à bout sans autre vision et ambition que l’équilibre du budget qui est certes nécessaire mais qui ne peut être déconnecté d’un projet pour la ville.
Un équilibre du budget que vous atteignez avec un très faible recours à l’emprunt, ce qui a au moins le mérite, mais c’est bien le seul, de démontrer que la situation n’était pas aussi insupportable que vous avez bien voulu le laisser entendre puisqu’en deux ans vous n’avez même plus besoin d’emprunter.
Certaines de ces économies sont de gestion comme c’est le cas de la renégociation de la dette dans le prolongement de ce que nous avions initié, ou à la faveur de nouveaux marchés comme ceux relatifs aux denrées. Et bien entendu cela ne pose aucune question.
Par contre d’autres économies sont bien plus contestables comme celles qui concernent le personnel. Non pas parce qu’il ne faut pas regarder les dépenses liées au personnel mais parce que vous le faites sans intégrer ni l’humain, ni le service public.
On est passé de 2008 agents en 2014 à 1795 agents au BP 2016. 

213 suppressions de postes en deux ans. 

Le service public en direction des colombiens ne peut être le même à ce niveau de baisse. La fermeture d’une grande partie des activités du centre municipal, de deux mairies  de quartier sont les premiers concrétisations visibles de ces baisses mais il y en a bien d’autres plus diffuses mais qui ont un impact énorme sur le fonctionnement des activités et surtout sur leur qualité et leur sens.
Beaucoup d’emplois de catégorie C supprimés.
 66 dans la seule filière administrative surement en lien avec l’externalisation de l’entretien des bâtiments communaux. Il faut bien mesurer l’impact social et économique de telles décisions, les emplois de catégorie c étant la plupart du temps des emplois locaux.
La filière animation également concernée : 96 agents en moins par rapport à 2014 alors que les collectivités voient normalement ce poste en augmentation du fait de la réforme des rythmes scolaires. 
Elle est là votre ambition éducative ! 96 agents en moins, l’exclusion des enfants des familles les plus modestes par les tarifs… !
Mais il est vrai que vous n’avez jamais abordé ce sujet important que sous l’angle économique alors qu’il aurait du  porter un vrai enjeu de réussite éducative pour les enfants. Et la nouvelle tarification que vous mettez en place sur le temps périscolaire du vendredi va aggraver cela puisqu’elle va avoir pour effet d’exclure de nombreux enfant. Mais l’objectif caché doit très certainement être de renforcer les  économies d’encadrement.
On trouve également la suppression de postes d’auxiliaire de puériculture et d’éducatrice de jeunes enfants dans les crèches (21 agents en moins), d’ATSEM dans les écoles (21 agents en moins également).
Le seul secteur qui voit ses effectifs augmenter est celui de la police municipale avec 8 postes en plus depuis 2014.

Même si la maitrise des dépenses de personnel est une vraie question dans un contexte budgétaire contraint, je ne peux pas partager ces choix, vos choix. On ne peut pas supprimer des postes auprès des enfants à ce niveau et renforcer la police municipale.
C’est de l’ordre de la provocation, de l’irrespect.
Parmi les autres mesures que vous prenez sans beaucoup d’explication on note la baisse de financement à certaines associations. La baisse de subventionnement de  la MJC se poursuit avec – 30 000€ cette année.
Mais on note d’autres baisses à strataj’m -5000€, et de nombreuses associations qui n’ont pas fait de demande. Une vingtaine est indiquée sans demande pour cette année alors qu’elles bénéficiaient d’une subvention de la ville auparavant. Une situation bien étrange !
Ce sont souvent les petites associations, moins organisées face aux logiques administratives, les fédérations de parents d’élèves par exemple mais ce ne sont pas les seules.

Intervention censurée par Mme Goueta qui n’a pas laissé Mme Monge s’exprimer sur la fin de son propos, comme au vote du budget 2015 :

Ces associations jouent un rôle important au niveau local. Et cette absence de demande de leur part questionne sur le niveau des relations que la ville entretien désormais avec le tissu associatif.

Et puis vous avez un acte totalement incompréhensible. 
Vous baissez de  15 500 € la subvention au centre social et culturel du Petit Colombes. Rien n’explique cette baisse ni une évolution du nombre d’adhérent, ni une moindre activité. Au contraire le centre social va déménager, il joue un rôle déterminant dans ce quartier prioritaire et cette décision va à contrecourant d’une politique de requalification du Petit Colombes.
Cette décision est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient après d’autres décisions défavorables au quartier que vous avez prises arbitrairement, sans aucune concertation. Je pense bien sur à la fermeture des consultations médicales spécialisées du centre municipal de santé qui apportait une vraie offre de santé, à la fermeture de l’espace des 4 chemins, à la régie de quartier « la passerelle ».

Avec ces mesures vous poursuivez le démantèlement du service public local.
Alors, madame le maire, une fois ces éléments énoncés, ce qui m’importe et qui importe je pense aux colombiens, à tous les colombiens c’est ce que vous voulez faire de notre ville, de leur ville. 

Quel est votre projet ? Quelles sont vos intentions pour les quartiers ?
Que faites vous, madame le maire, pour prendre en compte la complexité de la période actuelle, la complexité au plan social, économique, démocratique, la complexité de vie dans les quartiers, le besoin de cohésion, de proximité, de lien, la nécessité d’une politique éducative forte, d’accompagnement des plus fragiles, les enjeux de mixité ?

Nous n’avons aucune réponse à ces questions. 

Bien au contraire le budget présenté ce soir est très alarmant au plan de la politique locale. Vous n’êtes pas le maire de tous les colombiens.

Je voterai contre ce budget.
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